Vous êtes sans doute au courant des récentes évolutions concernant le Nutri-Score, ce système d’étiquetage nutritionnel conçu pour guider les consommateurs vers des choix alimentaires plus sains. Cependant, de nombreuses actualités ont secoué cet outil ces derniers mois, notamment le retrait du Nutri-Score sur plusieurs produits de marques comme Danone et Bjorg. Cet article vise à faire un état des lieux de la signification de cet indice et des nouveautés et à comprendre si on peut vraiment se fier au Nutri-score.
Les nouvelles règles du Nutri-Score ?
Le Nutri-Score, adopté par de nombreux pays européens, repose sur un algorithme qui attribue une note allant de A (vert) à E (rouge), en fonction de la composition nutritionnelle des aliments. En 2023, cet algorithme a été revu et amélioré pour mieux prendre en compte certaines catégories d’aliments, notamment les boissons et les produits ultra-transformés. Ces nouvelles règles ont été validées par un comité scientifique multinational, incluant des représentants de la France, de la Belgique, de l’Allemagne et d’autres pays. L’objectif est de rendre le Nutri-Score plus efficace dans la promotion d’une alimentation saine et équilibrée.
Ces ajustements concernent principalement la classification des produits en tenant mieux compte des fibres, des graisses de qualité, et des sucres ajoutés. Par exemple, les boissons sucrées, même faiblement sucrées, sont désormais plus sévèrement notées, afin de mieux refléter leur impact sur la santé publique. De plus, les produits riches en fibres ou contenant des graisses de meilleure qualité (comme les huiles végétales non raffinées) se voient attribuer de meilleures notes Que Choisir
Le Nutri-Score : un outil à géométrie variable pour les marques
Un point critique concerne l’utilisation stratégique du Nutri-Score par certaines marques. Danone et Bjorg ont choisi de retirer le Nutri-Score de certains de leurs produits. Cela soulève la question de la transparence et de la cohérence des industriels dans l’utilisation de cet outil.
Certaines marques n’hésitent pas à mettre en avant le Nutri-Score lorsqu’il leur est favorable, par exemple sur des produits peu transformés ou avec un bon profil nutritionnel. Cependant, lorsque ce même score devient un obstacle marketing — notamment sur des produits contenant des sucres ajoutés ou des matières grasses jugées défavorables —, elles choisissent de le retirer, comme dans le cas d’Actimel ou des produits bio de Bjorg.
Cette flexibilité peut prêter à confusion pour le consommateur, qui s’attend à une évaluation transparente et constante. Le retrait du Nutri-Score pour des raisons stratégiques peut donner l’impression que les marques préfèrent contourner les aspects moins flatteurs de leurs produits plutôt que de s’engager dans une amélioration nutritionnelle. Pour les consommateurs, il devient donc essentiel de prendre du recul par rapport à ces pratiques, et de ne pas se fier uniquement au Nutri-Score pour évaluer la qualité d’un produit. Cela renforce l’importance d’une éducation nutritionnelle plus globale, où les consommateurs apprennent à lire les étiquettes dans leur
Le retrait du Nutri-Score : le cas de Danone et Bjorg
Danone, par exemple, a retiré le Nutri-Score de son produit phare Actimel, invoquant des critères de classification qui ne reflétaient pas, selon eux, les bienfaits nutritionnels réels de certains de leurs produits fermentés. Danone estime que les produits comme Actimel, riches en probiotiques, ne sont pas correctement valorisés par le Nutri-Score, en particulier à cause de leur teneur en sucres, malgré les avantages pour le microbiote et la santé immunitaire.
Quant à Bjorg, marque reconnue pour ses produits biologiques, elle a également suivi cette voie. Le choix de retrait du Nutri-Score serait lié à la volonté de ne pas pénaliser certains de leurs produits bio qui, bien qu’étant riches en nutriments bénéfiques, sont parfois mal notés à cause de leur teneur en matières grasses ou en sel. L’algorithme actuel ne prendrait pas suffisamment en compte la qualité des ingrédients utilisés, selon Bjorg
Critiques et limites du Nutri-Score : difficile de se fier complètement
Le retrait de marques comme Danone et Bjorg reflète un débat plus large sur les limites du Nutri-Score. Certains experts en nutrition estiment que ce système ne prend pas assez en compte la qualité globale des ingrédients, la transformation des aliments, ou encore les avantages de certains additifs comme les probiotiques. D’autres critiquent le fait que des produits transformés peuvent obtenir une bonne note simplement en modifiant légèrement leur composition en sucres ou en graisses, sans pour autant améliorer leur qualité nutritionnelle globale.
En outre, certaines études ont montré que le Nutri-Score peut influencer les comportements d’achat, mais son impact à long terme sur la santé publique reste à évaluer. Une étude récente a révélé que les consommateurs sont généralement plus enclins à choisir des produits mieux notés par le Nutri-Score, mais cela ne garantit pas pour autant une amélioration significative de leur alimentation dans le temps. Vous pouvez consulter une étude à ce sujet ici pour une analyse approfondie sur l’influence du Nutri-Score sur les choix alimentaires.
Perspectives et évolutions futures
Malgré ses limites, le Nutri-Score continue de se déployer dans de nombreux pays européens. Les récentes modifications de l’algorithme visent à le rendre plus pertinent face aux nouveaux enjeux de santé publique, notamment en luttant contre l’obésité et les maladies liées à une mauvaise alimentation. Pour les marques, le Nutri-Score reste un outil stratégique pour valoriser leurs produits, mais il semble que certaines, comme Danone et Bjorg, souhaitent davantage de flexibilité pour tenir compte des bénéfices spécifiques de leurs aliments.
Les limites du Nutri-Score et le comportement alimentaire
Le Nutri-Score, bien qu’utile pour orienter les choix alimentaires, présente certaines limites lorsqu’il est utilisé de manière rigide. Trop souvent, l’utilisation du Nutri-Score pousse les consommateurs à voir certains aliments comme “interdits” ou “mauvais”, créant ainsi une relation déséquilibrée avec la nourriture.
Ce type de mentalité peut conduire à des comportements restrictifs et culpabilisants, et dans certains cas, exacerber des troubles du comportement alimentaire (TCA), comme la boulimie ou l’orthorexie. Il est donc essentiel d’adopter une approche équilibrée, où l’on privilégie une alimentation variée tout en respectant ses envies et ses besoins physiologiques. Le Nutri-Score peut aider à faire des choix plus éclairés, mais il ne doit pas remplacer l’écoute de soi et le respect des signaux de faim et de satiété. En effet, se priver constamment de certains aliments sous prétexte qu’ils sont mal notés peut nourrir la frustration et, à terme, conduire à des comportements alimentaires désordonnés, des compulsions, des grignotages et un sentiment de culpabilité.
Les diététiciens jouent ici un rôle clé : il s’agit de rappeler à chacun l’importance de ne pas se focaliser uniquement sur le Nutri-Score, mais d’écouter ses envies, de manger selon ses besoins et d’arrêter de voir la nourriture sous l’angle des “interdits”. Une approche plus intuitive, couplée à des conseils nutritionnels avisés, permet de trouver un équilibre durable, tout en préservant le plaisir de manger.
Conclusion : faut-il se fier au Nutri-Score ?
Le Nutri-Score, bien que perfectible, reste un outil intéressant dans la lutte pour une alimentation plus saine. Toutefois, les récentes décisions de retrait par des marques comme Danone et Bjorg montrent qu’il ne fait pas l’unanimité et que certaines améliorations sont encore nécessaires pour mieux répondre aux spécificités nutritionnelles de certains produits. En l’état actuel des choses, on ne peut pas vraiment s’y fier pour prendre toutes nos décisions alimentaires. Pour les professionnels de la nutrition, il est essentiel de comprendre les forces et faiblesses de ce système afin de mieux accompagner les consommateurs dans leurs choix alimentaires.
Pour en savoir plus sur les dernières évolutions du Nutri-Score, vous pouvez consulter le site de Santé Publique France pour des informations détaillées sur les ajustements récents.